Association Mondement 1914

Les Soldats de la Marne

CÉRÉMONIE NATIONALE à MONDEMENT
5 septembre 2004.

Présidée par Monsieur Mékachéra, Ministre délégué aux Anciens Combattants, en présence de Madame Vautrin, Secrétaire d'Etat à l'intégration, de Monsieur Dubois, Préfet de région et du général Malbec, commandant la RTNE.

Co-organisée par le Ministère de la Défense ( Direction de la Mémoire du Patrimoine et des Archives) et l'association Mondement 1914-Les Soldats de la Marne-Joffre-Foch

" La Marne ", 90 ans après… le 5 septembre 2004.

De Senlis à Verdun, les 300 km de la ligne du champ de bataille sont symbolisés, sur le monument national, par la fresque des généraux commandants d'armées. Sous les ordres de Joffre, ils menèrent la bataille. D'Ouest en Est : Galliéni, gouverneur de Paris ; Maunoury, 6ème armée ; maréchal French, Corps expéditionnaire Britannique ; Franchet d'Esperey, 5ème armée ; Foch, 9ème armée ; de Langle de Cary, 4ème armée ; Sarrail, 3ème armée. Joffre au centre, s'appuie sur le fantassin en pantalon rouge, symbole de la bataille.
Les combats à la baïonnette furent dévastateurs, l'artillerie qui déploya ses canons de 75 sur tous les points chauds, fut redoutable. Joffre donna les dates de la bataille : du 5 au 12 septembre 1914, il la nomma " la Marne ". Après l'échec de la bataille des frontières, après la terrible retraite, " la Marne " stoppait l'invasion. Ensuite la poursuite commençait.

Tradition de la mémoire combattante, autour du monument National

Le site de Mondement qui domine les Marais de Saint Gond, situait l'ultime point stratégique dans le front établit par Joffre de Senlis à Verdun pour mettre un terme à l'invasion.
Le château de Mondement verrouillait le passage vers Paris par le Sud. Si ce point avait cédé le 9 septembre 1914, l'effort de toute la partie Ouest du front pour repousser l'adversaire vers l'Est pouvait être compromis.
L'endroit était tenu par la 9ème armée Foch.
Le monument national fut élevé de 1931 à 1938 par la volonté du Parlement, pour perpétuer la mémoire des combattants de la première bataille de la Marne.

Dès 1915, des cérémonies informelles ont lieu sur le site. En 1917, le président Poincaré, entouré du gouvernement se rend à Mondement pour illustrer la cohésion de la Nation et de son armée. Les fantassins en pantalons rouges, les zouaves et le château de Mondement étaient entrés dans la mythologie patriotique.

Notre histoire associative

L'association " Les Soldats de la Marne ", créée par le Capitaine Chrissement, comptait en 1937 plus de 32 000 adhérents dont beaucoup d'Alliés. C'est là, l'origine de la cérémonie interalliée à Mondement.
Une plaque de bronze, sur la face sud du monument, rappelle la mémoire du Capitaine Chrissement.

Le Commandant Gauvin, blessé le 22 mars 1916 à Verdun, gueule cassée, président national des " Soldats de la Marne ", lors de l'inauguration du monument en 1951, institua le Comité Mondement. En 1964, suite à la signature du traité de l'Elysée, officialisant la réconciliation franco-allemande, il invita les survivants du 164ème Hannovrien qui avaient pris Mondement le 9 septembre 1914, à participer, sur le site, à un hommage à tous les morts. C'est là, l'origine de la cérémonie de réconciliation.
Le Commandant Gauvin substitua au Comité, l'association Mondement 1914. Le BCS de Müllheim, unité mixte de la BFA, est aujourd'hui le symbole de l'amitié franco-allemande à Mondement.
Décorations :
Croix de guerre avec étoile vermeil.
Chevalier de la Légion d'Honneur, le 15 mai 1918.
Médaille commémorative d'Orient.
Médaille interalliée dite de la Victoire.
Croix du Combattant.
Croix des Services Volontaires.
Médaille commémorative Grande Guerre.
Insigne des blessés.
Officier de la Légion d'Honneur.
Médaille Serbe de la Grande Guerre.
Médaille Roumaine " Coronéa Roumania ".
Médaille Polonaise de la Grande Guerre.
Croix de Saint Stanislas Russe, de 3ème classe.

La première cérémonie nationale organisée dans le département de la Marne, depuis la Grande Guerre, sur le lieu de mémoire de Mondement, est le prolongement du travail inlassable que le Commandant Gauvin a mené en France, dans chaque section des Soldats de la Marne, à l'étranger dans les pays alliés, puis en Allemagne à partir de 1964. Il a quitté la présidence de l'association Mondement 1914 à 89 ans. Il est décédé à 99 ans. Le commandant Esposito, le colonel Richon et le lieutenant colonel Domenichini lui ont succédé. Depuis 2007, Monsieur Tellier Michel, maire de Soizy-aux-Bois assure la présidence,
entouré d'une nombreuse équipe…

En hommage aux soldats tués

Parce que l'histoire de Marie et Henri de Boisanger est universelle, parce que toute une famille et tout le village de Connantray près de Mondement en portent toujours la mémoire, Erell-Isis Garnier et Régis Arts ont maîtrisé leur émotion pour nous la transmettre.

Marie de Boisanger : " Mon mari Henri est militaire. Notre petite fille Cécile a presque 1 an. Je garde sur mon cœur, le poème qu'Henri m'a dédié le 2 avril 1912.
…Nous longions la rivière
Qui serpentait dans le ravin.
Et mon cœur disait tout bas
Que si vous le vouliez Marie,
Nous ferions ainsi pas à pas
Le rude chemin de la vie…

Henri de Boisanger, capitaine au 114ème RI de Parthenay :
- " Le 28 juillet 1914, on rappelle les permissionnaires. Je commande a de braves gens, mais les Vendéens rentrent assez navrés : ils n'ont pas changé depuis 1793, ils trouvent que la trêve des récoltes devrait être sacrée.
Marie, comment allez-vous à Kerdaoulas ?
La situation est certainement très grave. J'ai pensé à vous, à Papa, à Maman en demandant à Dieu, s'il faut marcher, d'être fidèle aux traditions de la famille et de conduire mes hommes, comme Papa ses marins, en 1870 "
" Marie, nous quittons Parthenay le 4 août. Sensationnel ! Pour un peu, Hambourg serait brûlé et l'Alsace reprise.
Je participe à l'enthousiasme, mais, je suis un peu sceptique.
Des femmes regardent passer le train, elles ont presque toutes les yeux rouges, plusieurs pleurent, mais leurs gestes d'adieu nous réconfortent. Toute la France est avec son armée qui va se battre. "
" Marie, le 10 août, nous sommes dans l'Est. Mes hommes sont étonnés - ce sont de bonnes gens ici - disent-ils. La plupart d'entre eux n'a jamais quitté la Vendée.
Je cantonne dans une famille où il y a une petite fille de 7 mois. Je l'ai embrassée comme si c'était notre Cécile. "
" Ah ! Marie… Marie, c'est le 30 août seulement que j'écris.
Les combats des 24 et 25 août furent terribles. J'ai ramené 18 hommes sur 56. Ce fut une boucherie.
J'ai été légèrement blessé. Nancy est momentanément sauvé. Cette guerre est extrêmement brutale. "

Marie de Boisanger : - " Monsieur le curé d'Angluzelles au Sud du département de la Marne, m'a écrit que le 114ème RI était arrivé le 5 septembre dans son village. Les soldats avaient été transportés par autobus. La poussière de craie était tellement dense que les hommes étaient tout blancs.
Henri a demandé un mouchoir à la famille qui le logeait. Ce mouchoir était brodé d'un A.
Le 6 septembre, Henri m'a écrit une longue lettre d'Angluzelles, mais sa lettre n'a pu être postée à Pleurs que le 30 septembre 1914. "

Henri de Boisanger: " Marie, Cette guerre a de part et d'autre, un caractère sauvage et l'acharnement est égal dans les deux armées. Voilà la France envahie… Cela fait pleurer de voir les pauvres gens qui fuient devant l'invasion…Le recul de l'armée est triste…L'Europe entière est un champ de carnage…C'est l'horreur des champs d'où nous venons, où dorment les morts en pantalons rouges, non enterrés.

Marie ! Marie, s'il m'arrivait malheur, si je tombais en soldat, vous savez que nous sommes unis par delà la mort. "

Marie de Boisanger : - " Henri m'a écrit au bas de cette lettre les derniers mots qu'il devait tracer ici-bas :
- De toute mon âme -…
Le soldat REDIEU m'a appris que le 8 septembre, dans le secteur de Connantray à 5 heures du matin, la 12ème compagnie était cernée dans un petit bois… - Couchez-vous - a crié Henri…Puis en rampant il a tenté de rejoindre la cinquantaine d'hommes qui se battait encore.
C'est alors qu'il a été atteint par une balle au bras gauche. Il s'est fait rapidement panser, il a refusé de rejoindre l'ambulance sur la route d'Euvy. Il voulait revenir près de ses hommes.
Le soldat GRELET m'a appris qu'il avait reçu une balle dans la cuisse…Il s'est relevé et a continué son chemin. C'est alors, que, pris d'un malaise, il s'est arrêté près d'un arbre. Un obus a éclaté à proximité.
Henri a été relevé le 14 septembre par les habitants de Connantray. Il fut identifié le 3 novembre 1914 : le mouchoir blanc brodé d'un A, le petit sac rouge cousu par sa mère, ne laissèrent aucun doute à ses sœurs...
J'ai serré Cécile très fort contre moi ! Et je me suis souvenue…
….Sur le sentier couvert de mousses
Tandis que l'oiseau rapproché
Modulait des trilles très douces,
Sans doute, il chantait nos amours
Car je savais alors Marie
Que nous irions toujours
Sur le beau chemin de la vie….
Anéantie,
j'ai écrit sous ce poème : " Témoignage d'un amour qui ne finira même pas… sur le long chemin de la vie. ".

5 septembre 2004, dépôt de gerbe à Soizy-aux-Bois

Les soldats tués à l'Ouest des Marais de Saint Gond, à Mondement et sur le plateau Nord de Sézanne du 5 au 9 septembre 1914, reposent à la nécropole de Soizy-aux-Bois à 3 km de Mondement.
Ils avaient verrouillé le passage vers Sézanne et la plaine de Champagne qui pouvait conduire à Paris.

Le 40ème Régiment d'Artillerie
1ère Brigade Mécanisée de Châlons-en-Champagne

Le 40ème RA qui rend les honneurs, aux ordres du Colonel Septier, fut créé à Saint Mihiel dans la Meuse en 1894. Il fut engagé le 31 août 1914 au sein de la 40ème DI. Pendant la bataille de la Marne, dans la 3ème armée du général Sarrail, il participa aux combats de la trouée de Revigny dans la Meuse jusqu'au 12 septembre 1914.
En 1915, il déploie ses canons de 75 dans les tranchées de Saint Mihiel et de l'Argonne.
En 1916, il combat à Verdun, d'abord au Mort Homme, puis sur la Somme en juillet, lors de l'attaque britannique.
En 1917, il participe à l'offensive de l'Aisne à la Cote 108 puis à Verdun sous les gaz asphyxiants.
En 1918, il est en Lorraine, puis au Chemin des Dames, au passage de l'Ardre (Sud de Reims), puis il participe à l'offensive de Champagne.

Entre les deux guerres, il participe à l'occupation de la Rhénanie, puis tient garnison à Châlons-sur-Marne et à Verdun. En septembre 1939, il appartient à la 2ème Division d'infanterie Nord Africaine. Après s'être battu en Belgique, il cesse la lutte le 31 mai 1940 dans le Nord, où il recevra les honneurs de la guerre de la part des Allemands. Il renaît en 1943 au Maroc au sein de la 2ème DB. Il débarque en Normandie le 31 juillet 1944 et participe à la libération de Paris et de Strasbourg. Il est dissout en 1949 et recréé en 1952, en Allemagne. Il fait alors partie du Groupement de l'École d'Application de l'Artillerie qu'il suit à Châlons-sur-Marne en 1953. En 1962, il appartient à la 10ème Brigade Mécanisée de Reims. En 1975, il est regroupé à Suippes. En 1977, il devient le régiment d'artillerie de la 10ème DB. En 1985, il rejoint la 2ème DB.

A partir de 1995, il se professionnalise et crée des batteries à 8 pièces. En 1995, il déploie un module de 8 canons sur le Mont Igman et contribue au désenclavement de Sarajevo. En 1999, il devient le régiment d'artillerie de la 1ère BM de Châlons-en-Champagne.
Son étendard porte, brodé sur soie en lettres d'or le nom des batailles où il fut décoré :
La Marne 1914.
Champagne 1915.
Verdun 1916-1917
La Somme 1916.
L'Aine 1917-1918
Reims 1918.
Flandre 1940.
Paris 1944.
Strasbourg 1944.
L'étendard du 40ème RA est le plus décoré de tous les étendards d'artillerie.

Les emblèmes

A Mondement, le Ministre salue l'emblème du 7ème RTS (regroupement de bataillons de tirailleurs sénégalais) dont la garde d'honneur est assurée par le 21ème RIMA de Fréjus. Le 21ème Régiment d'Infanterie des Troupes de Marine (alors 21ème R.I.C), a participé à la Première Bataille de la Marne, aux combats d'Ecriennes, à l'Est de Vitry-le-François. Le Général Malbec, commandant la Région Terre Nord-Est et le Colonel Septier accompagnent le Ministre.

L'emblème du 77ème Régiment d'Infanterie de Cholet dont la garde d'honneur est composée de stagiaires de l'Ecole de Coëtquidan, rappelle les combats du régiment du 5 au 9 septembre, dans les Marais de Saint Gond et sa charge héroïque sur le château de Mondement le 9 septembre 1914.

Mondement, mémoire partagée.

Joffre, après la bataille : " Le moment venu, il ne faudra pas oublier les Alliés. "

Les Belges, autour du Roi Albert 1er résistèrent farouchement et retardèrent l'invasion. L'emblème du 17ème de Ligne et sa garde d'honneur, formée par l'Ecole de la logistique de Tournai, nous rappellent que les soldats belges furent nos frères d'armes. Le commandant de Cartier d'Yves, chef du protocole et le major Rumbaut-Mangin de l'Etat-Major de la Force Armée Belge, le colonel Chabot et monsieur Tilmant du Comité de la Sambre, ont marqué par leur présence les liens indéfectibles qui ont lié nos deux peuples pendant la Grande Guerre. Le commandant Gauvin avait remis la médaille de la Marne à la ville de Liège pour son rôle dans les combats d'août 1914. " La Marne " est tributaire de cette résistance Belge.

Le régiment des Royal Fusiliers de Londres, sous les ordres de French qui commandait le premier corps expéditionnaire, a combattu pendant la bataille de la Marne. Véritables soldats de métier, les Britanniques furent les stoïques et courageux compagnons de misère de nos soldats. Joffre avait bien compris qu'ils étaient indispensables à la victoire. French est représenté sur la fresque des généraux commandants d'armée du Monument national de Mondement. Le général Gregson représentait l'ambassade de Grande Bretagne. Depuis plusieurs années, c'est pour nous un grand honneur de recevoir le major Gibson-Horrocks et ses fidèles compagnons du Royal Fusiliers.

Les Russes en ouvrant un front à l'Est dès le 12 août, subirent des pertes énormes. Les assauts désespérés de Tannenberg entraînèrent fin août 1914, l'envoi de renforts vers l'Est. Le général Kirilin venu de Moscou avec le colonel Taranov, marquèrent l'importance qu'ils accordent à cette cérémonie de mémoire partagée. Le colonel Eremenko représentait l'ambassade de Russie à Paris.

" Puis la France devint le champ de bataille du monde. " Foch.
Tradition de la cérémonie interalliée à Mondement.

Monsieur Charles KUENTZ.

Depuis plusieurs années, Monsieur Charles Kuentz participait à la cérémonie de Mondement où il prononcait une allocution en référence à son passé de soldat mobilisé dans les deux guerres, et dans les deux armées.
Il était le seul survivant des soldats de l'empereur Guillaume et le doyen des anciens combattants alsaciens. Il avait témoigné de la réconciliation européenne, après la cérémonie de Mondement, au Mont Kemmel en Belgique, avec le doyen des anciens combattants britanniques : leurs deux régiments s'y étaient affrontés en 1918. Le message de Monsieur Kuentz est un message de paix.

" Je suis né en 1897 dans le Haut Rhin. L'Alsace et la Lorraine étaient annexées depuis 1871 à l'Empire allemand. Après ma scolarité au collège de Metz, je fus incorporé dans l'armée impériale en juin 1916. Après une instruction de base, près de Berlin, je fus affecté dans un régiment d'artillerie en Russie, pour combattre l'armée du Tsar et subir l'hiver le plus rude des 4 ans de guerre, par moins 40 degrés.

Au printemps 1917, mon régiment fut transféré en Champagne, puis en Belgique. J'ai combattu les Britanniques. En tant que sous-officier et régleur de canon, j'ai subi en 1918 la rude bataille d'artillerie d'Ypres et du mont Kemmel.

En 1939, je fus mobilisé sous l'uniforme français en tant que télégraphiste. En 1940, l'Alsace et la Lorraine furent annexées au IIIème Reich. Mon fils François, né en octobre 1926, fut incorporé de force en février 1944. Il fut blessé mortellement en Normandie et décéda au mois d'août 1944 à Reims. Il repose au cimetière de Sillery avec la mention Mort pour la France. C'est cela la tragédie des Alsaciens-Lorrains.
Ayant vécu sur 3 siècles, par devoir de mémoire, j'ai accepté de témoigner, pour transmettre la flamme du souvenir de la Grande Guerre.
Continuons à commémorer les dates anniversaires afin de ne pas oublier le sacrifice de ces millions de combattants. C'est grâce à leur sacrifice que cette Europe a pu se former. C'est à vous maintenant de la consolider autour de valeurs qui sont la tolérance, la justice et la solidarité. Soyez les bâtisseurs de l'espérance. "

Docteur Savary, président du Conseil Général de la Marne.
Madame Deroches, maire de Mondement

Le Dr Savary, président du Conseil Général de la Marne a rappelé le lourd tribut payé par le département de la Marne aux 4 années de guerre. " Les habitants de la Marne sont particulièrement attachés au devoir de mémoire. Le souvenir des destructions causées par le conflit est encore vif, malgré les années passées. Le département a payé un lourd tribut à la première guerre mondiale…La mémoire est aussi, comme le monument de Mondement, un hommage. Elle est l'expression d'une dette à l'égard des victimes de l'Histoire. Mais il ne saurait y avoir de véritable mémoire si elle n'est pas habitée par les valeurs du présent et les engagements pour l'avenir…"

Le site et le monument de Mondement sont la propriété du Conseil général qui en assume un remarquable entretien.
C'est l'association Mondement 1914-Les Soldats de la Marne qui gère le lieu de mémoire par convention avec le Département.

Madame Desroches, maire de Mondement, après avoir souhaité la bienvenue aux participants sur le territoire de sa commune, honorée d'accueillir le ministre délégué aux Anciens Combattants, Monsieur Mékachéra, a rappelé que la mémoire était le ciment de l'avenir.

Lcl (H) DOMENICHINI et les élèves de l'école d'Anglure.
" La MARNE "

" 5 septembre 1914…5 septembre 2004. Ici, sur le champ de bataille….
Il y a 90 ans, sur 300 km, de Senlis à Verdun, l'armée française, issue de la conscription et le Corps expéditionnaire britannique, sous les ordres de French, répondirent à l'appel de Joffre :

" Au moment où s'engage une bataille dont dépend le salut du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière. Tous les efforts doivent être employés à attaquer et refouler l'ennemi. Une troupe qui ne peut plus avancer devra coûte que coûte garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée. " Le général en chef.

La bataille des frontières d'Août 1914, après quelques succès, s'était achevée en un désastre meurtrier. Joffre avait ordonné et ordonnancé la retraite le 23 août.
Il avait ensuite conçu avec son état-major, la contre-offensive qui devait s'attaquer à l'aile droite allemande, le reste du front devait contenir la poussée. Elle débuta le 5 septembre à la mi-journée, à Monthyon. Malgré les combats de Barcy, de Chambry, dès le 7 septembre, cette manœuvre fut bloquée sur l'Ourcq.

Joffre, lui substitue immédiatement, une manœuvre d'enfoncement frontal. A l'Ouest, il s'agit de contenir la poussée de l'aile droite. Le reste du front, au Centre et à l'Est, doit, non seulement, stopper l'adversaire, mais le refouler.

Dans la Meuse, les combats de la Vaux-Marie, Rembercourt-aux-Pots seront dévastateurs. C'est au centre géographique du front, au Sud du département de la Marne, que le sort des armes va se jouer. Le front de la 9ème armée Foch peut être disloqué : Paris est à 100 km par la plaine, la 5ème armée et les Britanniques peuvent être pris à revers. De Soizy-aux-Bois à Mailly-le-Camp, les combats vont être enragés.
La bataille des Marais de Saint Gond et son corollaire, la prise du château de Mondement, le 9 septembre 1914, vont entrer dans l'histoire.
La légende de la Garde Prussienne, enlisée dans les Marais, assurera sa pérennité.

Le 9 septembre, von Bülow, constatant la césure entre la 1ère et la 2ème armée, signe l'ordre de retraite de la 2ème armée, en présence de l'émissaire du Haut Commandement. Cela entraîne le recul des armées allemandes.

Le 10 septembre, à l'ouest de Mondement, la poursuite est générale. A l'Est, les combats se poursuivent.
Le 12 septembre, l'entrée du général Langle de Carry dans Vitry-le-François marque la fin de la bataille.
L'action de Joffre pendant les combats, est d'une étonnante modernité. Il se rend sur le terrain, il change la stratégie. La manière, dont il coopère avec les Britanniques, est d'une singulière actualité… "

Monsieur Mékachéra, Ministre délégué aux Anciens Combattants

" Ici même, dans les premiers jours de septembre 1914, sur ces terres jadis foulées par les plus grandes armées de l'Histoire, aux portes de notre capitale s'est joué le salut du pays. 90 années ont passé. Elles n'atténuent pas l'éclat de la Victoire de la Marne. Pour toujours, elle est gravée dans les mémoires pour ce qu'elle fut : une des plus grandes batailles de l'Histoire de l'Europe, un des succès militaires les plus décisifs de l'Histoire de France, une page fondatrice de l'Histoire de la République. Aujourd'hui, au nom du gouvernement, au nom des Françaises et des Français, je suis venu rendre un hommage qui leur est dû aux soldats victorieux de ces grandes journées, aux chefs illustres qui les menèrent à la Victoire, aux Alliés qui furent à nos côtés. Avec respect et reconnaissance, je m'incline devant la mémoire des combattants- Français, Britanniques et Belges- qui tombèrent au champ d'honneur en si grand nombre pour sauver notre patrie. En cette journée du souvenir, nos pensées se tournent naturellement aussi vers les soldats allemands. Ils servaient leur patrie. Ils se sont battus dans l'honneur. Leurs pertes furent impressionnantes.
90 années ont passé. Nous avons fait nôtre l'idée de Paul Valery - qu'une guerre entre européens est une guerre civile-.
La réconciliation de la France et de l'Allemagne, la réunification irrévocable de l'Europe sont des acquis dont on mesure singulièrement, sur les champs de bataille, l'extraordinaire portée historique…

…Le courage et la liberté sont des valeurs qui sont au cœur de la Victoire de la Marne et qui demeurent plus que jamais, d'une totale actualité.
Honneur aux combattants de la Marne ! Honneur au Maréchal Joffre ! Vive la France ! "